La série ARTE “en thérapie” connaît un succès inattendu. C’est effectivement étonnant, car la psychanalyse avait plutôt mauvaise presse depuis quelques années.
Que s’est-il passé ? La psychanalyse, est-elle de retour ?
Soyons prudents, plus précis aussi.
Ce qui est à l’honneur, ce n’est pas d’abord la psychanalyse, mais la parole. Elle est au centre. Et avec elle le temps qu’il faut pour la dire, le temps pour l’entendre.
Rythmée par les séances de chaque personnage, la série fait surgir dans ce huit clos du cabinet de psychanalyste des récits pétris de questions existentielles. Questions de vie et de mort, de désir, de destin, de responsabilité. Le téléspectateur est pris au jeu, suspendu aux découvertes, à l’évolution de l’histoire de chaque personnage. Les récits ne laissent pas indifférent. Et le psychanalyste, lui, n’a rien d’un gourou ou d’un imposteur arrogant – comme beaucoup de publications l’ont laissé entendre. Il est au service de cette parole. Le personnage de l’analyste frappe par son humanité, par sa simplicité. Lui aussi est traversé par des questions, lui aussi est aux prises avec ses pulsions, avec son désir.
Beaucoup ont critiqué le côté spectaculaire des séances, les interprétations foisonnantes de l’analyste, les explications des concepts de Freud aux patients. N’oublions pas que nous sommes bien au cinéma ! Pas en analyse.
Ce n’est pas par un “proche de la réalité” (de quelle réalité, d’ailleurs !) que la série est intéressante, mais par la place qu’elle donne à la parole. La parole “en séance” surprend non seulement par sa densité, son côté existentiel, elle surprend aussi par son effet. Dire – ça change les choses. De séance en séance, la vie des personnages en est transformée – bousculée parfois. Si on veut trouver un mérite à cette série, c’est certainement celui-là.
Et par extension, si la parole est ainsi à l’honneur, les formes de thérapie qui la respectent le sont aussi. Dont un certain exercice de la psychanalyse.